Remise des prix le 11 décembre à Paris Victoires du paysage : derrière le palmarès, une opération de cohésion pour la filière

Trois heures : c’est le temps qu’il aura fallu, le 11 décembre dernier à la salle Wagram, à Paris, pour faire monter sur scène les quelque 43 maîtres d’ouvrage qui ont obtenu qui un prix spécial, qui une Victoire d’or (les découvrir toutes en photos ici : Le palmarès complet et illustré), d’argent ou de bronze lors des Victoires du paysage 2024 (palmarès complet ici : Victoires du paysage : le palmarès complet).

Pour mémoire, les différents jurys qui ont sillonné la France l’été dernier ont visité 74 réalisations (voir ici : 74 nominés en cours de visite par les jurys) et retenus par le jury technique sur la centaine de dossiers qui avaient été envoyés.

Des tendances qui se traduisent dans les prix

Près d’un dossier de candidature sur deux aura donc obtenu un prix et plusieurs tendances peuvent se dégager du palmarès 2024.

La première est la qualité en hausse des chantiers proposés, qui a nécessité parfois de diviser des catégories pour mieux mettre en avant certaines réalisations. Ainsi, celle des « Espaces publics urbains » a-t-elle été subdivisée pour récompenser les communes comptant soit plus, soit moins de 10 000 habitants. Des villages, en particulier dans le sud de la France, ont ainsi pu bénéficier de récompenses qu’ils n’auraient sûrement pas eues si la distinction petite et grande commune n’avait pas été faite.
Autre tendance, la montée en puissance d’aménagements très orientés autour d’un objectif précis ou réfléchis sur mesure pour un site particulier.

Dans le premier lot, on peut placer le village d’Haussimont (51), récompensé d’un prix « Expérimentation » pour un aménagement réalisé dans le but de définir la palette végétale de demain.
Dans le second, se trouve le Grand Prix de cette année, remis à un jardin d’Arles (13) réalisé au sein d'une friche industrielle balayée par le vent violent et écrasée l’été sous une intense chaleur.

Les cours d’école deviennent jardins !

On ne peut pas non plus parler du palmarès 2024 sans noter que des catégories ont été créées ou dédiées cette année aux cimetières et cours d’école végétalisées.
Les premiers font désormais l’objet d’une attention inédite dans leur conception et ce travail méritait d’être souligné avec la création d’une classification à part entière. Le travail de plus en plus intensif de désimperméabilisation des écoles leur a permis de rafler les trois prix de la catégorie « Espaces publics, jardins ».

Enfin, une tendance géographique est apparue nettement cette année : la plus grande représentation des régions du sud de la France dans le palmarès.
Si, depuis deux éditions, de plus en plus de chantiers réalisés en Occitanie ou en Aquitaine étaient proposés, l’arc méditerranéen fait cette année une véritable razzia, en particulier Montpellier (34) et sa région qui remportent pas moins de quatre récompenses d’or. Inimaginable au début de l’aventure des Victoires !

Moins de voitures, plus d’espaces verts

Il faut aussi souligner les récompenses décernées à des chantiers de grande envergure qui ont fait revenir le végétal en ville, pour en faire bénéficier les habitants, comme les Promenades à Reims (ici Les promenades passent de l’ombre à la lumière) ou, dans la catégorie du réaménagement des quartiers de logement sociaux, la ZAC Louvois de Vélizy-Villacoublay (78) où une dalle de béton de 20 000 m² a disparu au profit du vert.

On a entendu un élu de la ville de Pau (64) affirmer qu’ils avaient eu la volonté de « débâtir pour végétaliser », un adjoint au maire du Mans (72) annoncer fièrement avoir investi 13 millions d’euros pour transformer une autoroute d’entrée de ville en espace vert… « Malgré les réticences du début et les ralentissements sur la route, les habitants des autres entrées de ville veulent maintenant la même chose, moins de place pour la voiture, plus pour le vélo. » Et pour le végétal, soulignait-il en filigrane.

Les Victoires remises aux villes sont aussi celles de leurs habitants !